30 mai 2007

Nouveaux puerhs

J'ai fait de très belles découvertes ces derniers jours. Les boîtes contenant les différents puerhs que Kevin et Jasmin ont achetés au Yunnan furent enfin ouvertes et les thés classés. Nous avons bien sûr préparé une dégustation comparative, des thés plus artisanaux jusqu'à ceux issus de firmes plus industrielles. Quelques shou mais surtout des sheng. Ils sont tous délicieux, tous très différents les uns des autres. Je mentionne en avant-première (comme ils ne sont pas encore en vente au moment où j'écris ce post) certaines qui ont su particulièrement toucher mon coeur: la Banzhang 2006, la Mengla et la Xiangming 2006 ainsi que l'inusité Naku 2002, confectionné en compressant et laissant fermenter les feuilles de thé dans la tige d'une variété de bambou aromatique.

Outre ces thés qui seront en vente, un petit producteur passionné a remis à mes collègues un coffret contenant des briques de puerh des 6 montagnes traditionnelles (Yibang, Youle, Mansa, Manzhuan, Geden, Mangzhi) afin que l'on puisse faire la distinction de chaque crus. Il fut très intéressant de comparer, à armes égales, ces différentes montagnes. Certaines m'ont frappé par leur caractère aromatique plus vif et persistant comme celles de Youle, Yibang et Manzhuan ou les notes très fruitées et doucereuses de la Mansa. Il est rare de goûter à des galettes entièrement constituées d'un seul ingrédient provenant à 100% d'un même endroit. Sans être plus mal pour autant, les blends semblent avoir l'avantage de créer un équilibre, donner du relief ou faire en sorte qu'un matériel végétal plus racé et apte à la conservation vienne supporter un autre très aromatique mais léger, etc. Mais comme je peux le comprendre, après l'excès de production de faux puerhs, de galettes ''Pure Banzhang Leaf'' avec seulement ses 10% de vraies feuilles et le reste dont on ne sait d'où, la réaction inverse risque de tendre vers un excessivement onéreux ''Single Estate'', pour consommateurs écoeurés des déboires du marché du faux. Je souhaite que les producteurs auront l'intelligence (et les moyens) de simplement mettre leur énergie à nous offrir des blends de qualité, sans tomber dans le piège du marketing.

Et puis tant pis, moi aussi je viens me joindre au club des ''blacks blogs''!!! ;)

22 mai 2007

Mansa Shan Bing Cha 2002

Au Québec, lorsque passe l'automne et que toutes les feuilles des grands arbres viennent à tomber après leurs coloris resplendissants, les enfants s'amusent à jouer dans les grands tas de ces dernières que ratissent leurs parents. Des souvenirs précieux où les odeurs sont encore bien présentes en moi.

La galette Mansa 2002 de Tao of Tea est issue d'une récolte automnale aux feuilles énormes. Simplement à sa vue, on a l'impression d'être dans un sous-bois. Pas de bourgeons, presque pas de tiges, uniquement de grandes feuilles bien épaisses. Un parfum délicat, sans aucune trace de fumée ni d'amertume, tout en douceur, émane autant de ses feuilles sèches que humidifiées. Elle offre ses arômes et saveurs de riz brun sucré et de tilleul dans une liqueur dorée, limpide et rafraichissante. Sa texture légèrement grasse évoque le miel d'automne (verge d'or) qui coule dans la gorge après en avoir englouti une cuillère. Une sensation légèrement camphrée a doucement ouvert mes voies respiratoires.
Une expérience toute en douceur, sans relief de montagne-russe. Une galette vraiment belle pour son type, parfaite lorsqu'on a particulièrement envie d'une tasse délicate, sucrée et ensoleillée. Le paquet indique que ce produit a été conçu pour bien vieillir, j'en doute quelque peu... Reste que je suis bien curieux de voir ces grandes feuilles foncer avec le temps, comme si elles devenaient graduellement comme le terreau sous les arbres de mon enfance.

19 mai 2007

Zhong un jour, zhong toujours

Le zhong me fascinera toujours par son efficacité à faire ressortir les détails d'une infusion, ses reliefs, ses vérités... D'une manière si directe il transmet l'essence même, sans plus ni moins, qualités comme défauts.

Ce matin j'ai fait plus de 15 infusions de cette galette sheng de 2000 (? numéro ou fabrique?) de la M3T que nous distribuons au Camellia. J'avais parfois l'impression de boire un Zheng Shan Xiao Zhong tant la fumée était présente, un côté boisé et rond, moelleux et légèrement sucré. Après déjà quelques tasses je sentais des mouvements (énergétiques?) derrière ma tête puis sur le dessus du crâne. Si certains d'entre vous reconnaissent ce phénomène n'hésitez pas à me rassurer, j'ai parfois l'impression que je suis le seul qui ressens de pareilles sensations au cours de mes dégustations de puerh crus!

J'apprécie aussi énormément le fait de reprendre un puerh laissé la veille ou l'avant-veille dans le zhong, un petit rinçage qui vient réchauffer les feuilles et l'instrument et hop! c'est reparti! C'est tellement économique et fascinant à quel point le thé aura changé, maturé en quelque sorte (je pratique aussi cette méthode avec les wulongs vieillis). Ce zhong taïwannais en céramique émaillée prépare spécialement bien les puerhs, leur donnant une rondeur tout en préservant l'intégrité de leurs arômes.

Je ressens aujourd'hui une énorme gratitude envers toutes les personnes qui, générations après générations, ont participé au destin du thé et des humains qui s'en inspirent. Je les remercie de tout mon coeur...

Je lève ma tasse aux amoureux du thé d'hier, d'aujourd'hui et de demain!

15 mai 2007

Flower Power

Dans un de ses articles précédents, Bejita nous faisait part de diverses découvertes dans une de ses galettes de Puerh: bourgeons, cheveux, fibre plastique, etc... J'ai déjà été témoin d'une infusion de Puerh 1992 (sans nommer directement la source...) en grande théière où flottait un mégot de cigarette bien oxydé!

Mon ami Jonathan de ''The Tao of Tea'' m'a offert une jolie galette constituée exclusivement de fleurs de théiers. Elle pèse joliement ses 100g, ses parfums évoquant l'hibiscus et la bière. Produite par la Lan Cang Tea Plantation, elle est certifiée biologique. Son infusion est agréable, c'est une tisane fort sympatique, sucrée et goûteuse (encore l'hibiscus). Il faut surtout l'aborder comme une curiosité pour les amoureux du thé. Pour finir, il ne faut pas croire que ces petites fleurs du Yunnan sont sans caféine: sans être spécialement sensible à cet alcaloïde, j'ai été surpris par son effet stimulant.

11 mai 2007

Nouvelle ''très'' petite amie

Je voulais simplement vous présenter ma nouvelle conquête amoureuse. Non pas que je profite que la belle Klémentine soit en Italie, afin de suivre des cours de dessin, pour la tromper avec une autre... Pourtant, depuis que Xishi a débarqué, elle et moi ne cessons de flirter... Nous sommes d'un amour vraiment ''in-fusionnel''. Elle est remarquable. Sa peau de pêche luisante me fait trembler, elle m'offre des bouquets (d'arômes!) sans fin, elle rougit facilement... Tous les petits détails qu'un homme rose comme moi apprécie. Pour ma part, en échange, je la caresse, je l'abreuve, je la nourris... J'espère que la lune de miel durera et que notre vie sera remplie d'infusions merveilleuses.

10 mai 2007

Shincha... Kanpai!

Aujourd'hui, bienheureux sont les amoureux de thés japonais... Le shincha de Shizuoka explose de ses arômes! Toute la campagne nippone dans une tasse (y compris probablement une dose de fertilisant chimique). Un vrai ''nutella vert'': chlorophylle+noisette+chocolat= shincha! À infuser très costaud. Mmmm!

08 mai 2007

Anji Bai Cha


Malgré mes récentes incursions effrénées dans le monde du puerh, je goûte volontiers les sublimes délicatesses des thés verts de Chine afin de célébrer la fraîcheur des nouveaux arrivages printaniers.

Le Anji Bai Cha est ce type de thé qui, je trouve, nécessite beaucoup de calme et d'espace pour le déguster. Ce matin, parmi les rayons de soleil filtrés par les rideaux de ma chambre à coucher, le début de l'été aux bourrasques chaudes m'a appelé à travers ce thé... l'ambiance était parfaite pour le rencontrer.

Provenant des montagnes adjacentes au village de Anji au nord de la région du Zhejiang, le Anji Bai Cha est cultivé à une altitude d'environ 500 mètres. Certains croient qu'il est issu d'un croisement entre le théier de Long Jing et une variété de théier à thé blanc. Toujours est-il que je lui trouve assurément des similitudes avec ces deux derniers types de thé, ce qui me permet de croire à cette possibilité.

Ses grandes aiguilles, bourgeon et première feuille uniquement, rappellent les aiguilles de pin. Des parfums intenses de fleurs cuisant sous le soleil de midi, de la sueur doucereuse de notre bien-aimée au cours d'une marche en montagne et même de démarcation territoriale du chat de la voisine, émanent de ses feuilles sèches d'un beau vert émeraude. Il y a quelque chose de très suave et poignant dans leurs arômes. Pas beaucoup de mystères s'annoncent, quelque chose de simple mais fatalement attirant.


La liqueur est pâle, beige à jaune très clair. Des arômes de noix fraîches, de fleurs timides et de chair de volaille viennent d'abord s'introduire. Dès la première gorgée, c'est la texture qui surprend: soutenue par des notes de gras de peau de volaille et de tournesol, l'impression qu'offre cette liqueur grasse persiste pour les trois premières infusions. Le pois vert, le cajou, la graine de lin et l'asperge blanche viennent nous rappeler que c'est bien un thé que l'on boit et non du jus de poulet... D'une bonne persistance en bouche, ces arômes subtils viendront tout de même qu'à s'évanouir de même que l'épaisseur oléagineuse au courant des infusions successives, pour laisser place à une liqueur douceâtre, gracieusement chlorophyllée, à la légère amertume du cacao.

Les feuilles, une fois infusées, ont la beauté même du printemps. On dirait que les cueilleuses viendrait tout juste de les récolter directement du jardin le matin même.

Ce thé est d'une finesse suave. Il nécessite presque de le boire à jeun. Ses notes grasses et parfumées à la fois lui donnent un aspect gracieux et réconfortant. Je lui ai trouvé quelque chose de très amical (la sueur de ma chérie ou le pipi de minet peut-être!). Il se révèle, se donne puis se fatigue assez rapidement. Très délicat, ce n'est pas le type de thé que je déguste régulièrement, mais il est un de ces thés dont on se rappelle longtemps une fois en avoir bu.

04 mai 2007

Dégustation à vide


Dans ma vie en général, comme sur la voie du thé, je tente de percevoir les choses simplement, avec ouverture et innocence. Ainsi, la relation authentique avec ce qui se trouve dans notre champ de perception est pure, légère et simple. Ce qui est perçu a alors la liberté d'être pleinement tel qu'il est. Or, nous étant donné d'avoir une passion pour les arômes et les saveurs des thés dégustés quotidiennement, nous tentons au cours de ces délectations de nommer et d'étiqueter ces perceptions par des mots. Les mots sont des outils merveilleux de communication et sont certes nécessaires afin de pouvoir ''matérialiser'' nos sensations. Découvrir et noter des flaveurs de torréfaction, de châtaignes grillées, de gousse de cacao, de caramel au beurre, c'est merveilleux! Et tout ça dans quelques feuilles sombres qui après avoir été convenablement hydratées révèlent ces parfums! Puis, on partage ces notes avec un autre passionné qui retrouvera lui aussi plus ou moins ces mêmes parfums et saveurs... C'est tout de même très intéressant!

Cependant, de temps à autre, je me plais à faire des dégustations ''sans mots''. La pure perception des saveurs, sans nommer. Une méditation en quelque sorte. Le goût est là, les arômes s'épanouissent, la langue perçoit mais les pensées ne viennent pas se mettre entre le thé et nous. Les images ou les mots ont beau venir, tels des nuages dans le ciel, on les laisse aller sans leur accorder la moindre importance. L'intellect en sort un peu frustré, c'est certain. Le thé a beau être ''mauvais'' ou ''superbe'', cela n'a plus d'importance, il ''est'' ce qu'il est. À la longue on se rend compte que percevoir les effets de l'infusion en nous peut être la même chose que de percevoir des sensations comme la peur, l'angoisse ou la joie. On peut tout autant savourer, sans juger ni nommer, ces émotions qui peuvent monter en nous dans notre vie de tous les jours. Si l'on rencontre telle personne ou si tel évènement se trouve sur notre route, bien, la perception est ce qu'elle est, parfaite dans toute sa réalité. Nous ne buvons plus que du thé, nous savourons la vie comme un nectar parfait. Tel quel, sans commentaire...

01 mai 2007

Darjeeling tout frais!


Vendredi dernier, nous avons reçu onze nouveaux thés de première récolte de Darjeeling et un du Sikkim. Kevin, qui se rend en Inde à chaque printemps pour choisir les thés, a encore fait des miracles en sélectionnant des thés superbes. La saison a pourtant été difficile pour la région productrice et les récoltes ont été affectées dans leur qualité. Des sècheresses avaient touché Darjeeling les deux dernières années, favorisant des rendements plus faibles. Or, plus tôt ce printemps tout semblait bien se dérouler avec des averses abondantes et hâtives jusqu'à ce que le froid revienne endommager les jeunes pousses et nuire aux productions. Cela étant dit, les thés que nous avons testés en dégustation comparative se révélèrent tous excellents, certains que je considèrerais même comme exceptionnels.

N'étant pas un grand buveur de thé noir (rouge), il m'arrive tout de même quelques fois de déguster un Darjeeling à grandes feuilles roulées à la main en zhong ou encore un de ''style classique'' en théière de porcelaine avec des tasses à l'anglaise que Klémentine avait dans ses affaires. J'avoue qu'en congé, avec des scones ou des gâteaux (j'aime pas les sandwiches au concombre.... beurk), une petite dégustation de bourgeoisie fine avec ces thés peuvent donner l'envie de... retourner au plus vite à une bonne vieille galette!!! Je crois, sans blaguer, que ces thés sont de très haute valeur aromatique et que le monde du thé serait bien moins intéressant sans les Darjeeling de haut niveau.

Mes coups de coeur de cette dégustation furent les Darjeeling Samabeong Dj-2 (mon jardin favori sans contredit), le Muscatel Valley Cs-1 et le Temi Sk-2 du Sikkim (superbe). Comme style plus classique le Singell Dj-2 est d'après moi le plus intéressant et soupçonne que le Seeyok Dj-1 sera une surprise dans quelques semaines lorsqu'il se sera remit de son décalage horaire...

Un petit dernier que j'ai oublié de mentionner et qui est pourtant très intéressant: le Samabeong Dj-248 automnal 2006 (reçu aussi la semaine dernière) qui a des allures de Bai Hao avec ses grandes feuilles marron aux bourgeons duveteux et argentés ainsi que ses arômes boisés et fruités (prune).