07 juillet 2010

La Maison de thé CHA YI

Chers lecteurs et lectrices, je reviens tel le survenant, un soubresaut dans la blogosphère francophone du thé, un petit spasme de message pour annoncer de grandes choses...

D'abord, ma petite Milane est née au temps des fleurs de lilas et de pommier, elle est adorable. Les sessions de gong fu cha sont certes beaucoup moins nombreuses depuis son arrivée, je découvre la simplicité d'un zhong sur le coin d'une table, des infusions refroidies par le délai d'un changement de couche, des moments de dégustation à la regarder dormir à poings fermés. Et quelle bonne odeur elle dégage! J'ai presque reconnu dans son beau petit cou une effluve de Si Ji Chun ou de Jin Shuan...

Puis une autre chose, un rêve qui devient réalité: j'ouvre en septembre ma propre maison de thé, La Maison de thé CHA YI. Située à Gatineau, près d'Ottawa, la boutique et petit salon de thé offrira plus d'une centaine de crus artisanaux importés directement d'Asie, soit par mes propres contacts ou par des distributeurs tels que le Camellia Sinensis, mes anciens employeurs. Vivre de ma passion est le plus beau cadeau que je puisse me faire, ouvrir mon propre établissement me permettra de transmettre à mes clients l'énergie sacrée et inspirante qui entoure le thé telle que je la conçoit. D'ailleurs, j'offrirai une série d'ateliers thématiques ainsi que des activités de dégustation d'une façon hebdomadaire.

Je vous invite donc à visiter notre site web: www.chayi.ca

Et si vous passez par la région de la capitale canadienne, je vous invite cordialement à venir nous voir et déguster un thé délicieux! Au plaisir de vous y croiser!

Maison de thé CHA YI
61, rue Eddy, Gatineau (Hull), QC
J8X 2V8
info@chayi.ca
www.chayi.ca

13 janvier 2010

Bercé par les yan cha


Tous ces mois ont passés, la vie a suivi son cours de façon simple mais intrigante à la fois, des suites tumultueuses dans une plaine sans fin où tout semble la même chose à l'infini, où les moindres mottes d'herbes, les terriers de quelque bête que cela soit, les nuages taciturnes qui se frôlent, se mêlent à l'horizon imperturbablement horizontal, ne laissant qu'un sentiment sans fin de plus finir, une stagnation calme. Et pourtant, une sensation d'être porté, que tout est bien, que ça bouge là, en-dessous. La fougère qui dort sous une épaisseur de neige de plusieurs mois. Le printemps est promis.

Ce printemps ne devrait pas être comme les printemps précédents: les récoltes de Darjeeling, Bi Luo Chun et Long Jing, les arrivages à la maison de thé, les dégustations, les enivrement qui se succèdent au fil des tasses. Les feuilles s'éveillant, les fleurs se dévergondant. Non, ce printemps devrait être tout autre. La récolte d'une petite perle rose, de petites mains, petits pieds, yeux brillant, regard clair sur le monde. Le grand cru des récoltes du printemps sera mon premier enfant, celui qui bouge déjà amplement et qui se prépare dans la douce coquille que lui procure mon amoureuse.

Pendant l'hiver, les thés de rochers me réchauffent le coeur. Il fait froid à Montréal. Ces thés me font du bien, ils changent à chaque infusion, parfois une surprise simple, une autre un éblouissement, rarement une déception flagrante. Shui Jin Gui, Da Hong Pao, Shui Xian, Bai Ji Guan sonnent comme les cloches d'un temple dans la vaste campagne blanche de givre délicat. Les glaçons de ma bouilloire se mettent à fondre, l'eau me fait la discussion jusqu'à s'emporter, elle s'ébat sur ces feuilles sombres, leur fait l'amour comme dans les plus beaux rêves, les fait jouir de leurs plus beaux parfums. Abandonnés, liquéfiés, ils m'enflamment. Je ne les connais pas, je les laisse me montrer les découvrir, insaisissables, sauvages. Je suis en amour.

12 juillet 2009

Chemin faisant

La vie passe à une vitesse folle et pourtant je baigne dans le calme de chaque instant. Ce calme des montagnes Rocheuses, dans un climat presque parfait, je le savoure avec tout mon être. Juste avant d'aller désherber des laitues, éclaircir des carottes ou des betteraves, transplanter des choux ou préparer la nourriture pour le reste de l'équipe, mon rituel matinal: Mon précieux bocal thermos voit se succéder dans son ventre, selon les matins, Darjeeling, thés verts chinois et japonais ou même parfois, une brasserie biologique faisant partie du domaine agricole, un Pu Er venant à la rescousse de rares abus de la soirée précédente. J'apprécie tout ce que nous vivons, Véronique et moi, au fil de cet été merveilleux, cette chance que nous nous sommes donnés d'être là, loin de Montréal et du rythme urbain. Je crois que j'apprécie aussi encore plus le thé, d'une autre manière du moins, que lorsque j'étais confiné à l'expertise de derrière le comptoir du Camellia. Aussi n'ais-je pas énormément de temps à consacrer à l'ordinateur, Le Zhong Nomade souffre certes de cette suite de priorités... et j'en suis encore désolé... 

Si vous désirez, par curiosité ou par sympathie, suivre nos aventures de chemin, sans que cela ne soit point tourné sur le thé, je vous invite à visiter notre blog commun à moi et ma compagne de route: Trip de cru. Pour ceux qui ne le savaient peut-être pas, nous nous nourrissons presque uniquement d'aliments vivants, donc crus, et ce voyage a entre autre pour but de nous mettre en contact avec des spécialistes du domaine et de nous perfectionner dans le domaine de la gastronomie crudivore. Aussi ce blog est-il un carnet de route et de recettes vivantes réalisées au fil de nos péripéties. Je serais donc enchanté de vous y lire! À bientôt j'espère!

31 mai 2009

Le nomade et son Sencha Ashikubo

Je sais, ça fait extrêmement longtemps que je n'ai pas écrit. Désolé pour les visites vides pendant mon absence. L'automne a été difficile pour moi, l'hiver a été long, j'ai vécu une période de transition et aujourd'hui, disons, de renaissance. Pendant cette période le thé a toujours été à mes côtés, il m'a suivi dans mes moments de vacillements, le silence accompagnait les lampées de liqueurs divines... et c'est pour cela que je n'ai pas écrit. Je me devais de faire des articles sur le Blogue du dégustateur du Camellia Sinensis, conseiller derrière le comptoir les petites merveilles qui s'y trouvent, servir les thés au salon mais le thé demandait que je garde le silence sur mes impressions personnelle en tête-à-tête avec lui. Voilà. Et maintenant que je suis de nouveau sur la route, encore nomade mais cette fois pour assez longtemps (pour plusieurs mois si la Vie le veut bien!), un road-trip sur la côte ouest canadienne et américaine, mon zhong de voyage et mon bocal thermos me suivant pas à pas dans mes péripéties extrême-occidentales!


Je suis présentement en Colombie-Britannique, à Nelson plus précisément. La ville est superbe, les paysages magnifiques mais, ici, pas de bons thés. Des Earl Grey à la lavande et des Rooibos pomme-cannelle ça oui. Mais j'avais prévu le coup! Je suis parti avec plusieurs échantillons à tester en route et quelques sachets tous pleins de mes incontournables: Darjeeling First Flush, Huiming, Pu Er (quelques uns...) et, le plus approprié d'après moi pour faire des heures de route, le Sencha Ashikubo. Quelle merveille! Je ne m'en lasse simplement jamais! Cet équilibre, ce fruité, sa texture. Il réveille superbement les sens. Pour son prix, c'est vraiment un bijou. Il est d'ailleurs le plus populaire des Sencha au Camellia Sinensis, ce n'est pas pour rien, c'est bien que moi et mes collègues le recommandons à "tour de bras" à nos clients! Et le petit plaisir supplémentaire qui me vient de ce thé, c'est qu'il a été trouvé et sélectionné par Hugo et moi-même lors de notre voyage au Japon en 2008... je me réserve donc un petit orgueil à son sujet...! Comme thé de moyenne gamme à boire tous les jours, je ne saurai jamais assez le recommander! 


J'espère que vous vous portez tous très bien, je n'ai pas eu la chance de trop surfer la blogosphère du thé ces derniers mois, un simple besoin de me retirer... je sais que vous comprendrez. Au plaisir de reprendre contact avec vous!


15 octobre 2008

Un week-end chez papa







"Trav'lin' Light" de Billie Holiday

09 octobre 2008

Soleil liquide




Un Long Jing mémorable par un matin d'automne d'une beauté profonde. La nature toute entière s'était éclairée d'une tendre lumière, magicienne de l'instant.

29 septembre 2008


Toute la lumière du monde y est filtrée. Toute la tendresse. Si on avait à résumer tout l'or du monde ce serait ses feuilles. De légers lingots non moins inestimables, non façonnés par l'homme mais amoureusement par l'univers. La bourse, le cours du métal précieux, peut bien s'effondrer, lui, riche de tout cet or éphémère, resplendit humblement dans toute sa lumière. Ses plumes viendront bientôt qu'à tomber elles aussi mais dans la dignité de perpétuer la vie. Quand on meurt, on ne perd pas la vie, on la multiplie: le monde des vivants ne s'en trouve que réjouit, il pullule frénétiquement, il explose, en somme il savoure le carnaval de la transformation. La beauté simple. Aujourd'hui le balancement de l'or dans la brise d'automne, demain le terreau de jours heureux, noir comme l'or. La nature relève du miracle... les yeux ouverts, le coeur incrusté de nacre brillant, l'âme à la cime, l'or à la tête, je contemple paisiblement cet ami qui me donne tant.

19 septembre 2008

Détour


Le thé n'est qu'un prétexte; ce que je cherche véritablement est le silence de l'attention pendant chaque gorgée.

Photo par Hypergurl, Creative Commons

15 septembre 2008

Un moment sous la pluie




Un de mes petits plaisirs préférés, la douceur des tartines de confiture de fraises bénies d'un Darjeeling, me rappelle que je suis bien vivant et que la mort ne pas ma saisie lorsque nous nous sommes croisés la nuit dernière. Elle avait pris la forme d'une voiture et de son chauffeur -si on peut se permettre de l'appeler ainsi. Ce dernier ressemblait au cliché que je me fais des vieux noirs se berçant paresseusement sur le porche d'une maison délabrée d'Alabama, les petites  lunettes au bout d'un nez ridé. Le sol était luisant de pluie, noir comme l'encre humide. Nous nous sommes touchés. J'ai senti - malgré l'intense dégustation de Scotchs et Pu Er dont mon esprit se remettait à peine, - la force de cet instant, une fenêtre rien que pour moi, une exclusivité bouleversante: j'avais beau être avec mes amis, je serais mort seul. Coquette dans le luisant de la bruine, la mort m'a dit, regarde, je suis là, toujours aussi belle d'imprévisibilité, de nuances, t'en serais-tu douté?, j'aurais pu te prendre, voler ta présence, ici ta forme ne tient qu'au fil du rêve, aussi fragile qu'une brise tiède dans la moiteur des ruelles endormies. Un rêve bien réel, le pare-choc de la voiture posé contre ma jambe. Même si sur le coup je crie des injures au pauvre homme hébété, peu importe lesquelles sortent de mon ventre, je vois bien que ce n'est pas à lui qu'elles s'adressent, elles sont pour la mort, cachée sur la banquette arrière... c'est le moins qu'on puisse faire, on peut se permettre de crier au fauve que l'on sait en cage, la faux s'était déjà arrêtée. Une seule évidence, s'éteindre embaumé par les effluves des élixirs bus quelques instants plus tôt m'aurait fait paraître ce dommage plus léger, l'âme déjà propulsée au cieux n'en aurait à peine vu la différence.

Aujourd'hui je regarde les gens qui marchent sur la rue, j'en reconnais quelques uns qui habitent le quartier. Que je sois mort ou non, tout continue. Tout le rien ne change. L'harmonie du monde, au sein du chaos paisible de chaque moment qui passe.

Photo modifiée de l'originale par benoit_d, Creative Commons
Musique: Philip Glass par Kronos Quartet, String Quartet #3, "Mishima"

14 septembre 2008

Le retour du branleux

Eh bien coup donc! C'est ici ma maison! Au Québec on appelle ça un "branleux" (à ne pas confondre avec un "branleur"), c'est-à-dire quelqu'un qui n'arrive pas à ce décider. Il essaye quelque chose, tente un autre truc... C'est aujourd'hui ce que je suis... et je suis désolé d'avoir à me montrer à vous sous cet angle avec mes hésitations de la semaine.

Et que voulez-vous, j'arrive pas à écrire sur du blanc, je préfère le noir. J'ai réalisé que je ne pourrai pas me passer de faire de petites anecdotes théesques de temps en temps, que Le Zhong Nomade était pour moi aussi un endroit d'humour et de convivialité qui manquait au "trop sérieux" que je m'offrais dans une autre version de blogue. En fait, plus j'y pense, plus j'apprécie le style de Patrick de En forme de Poire, un mesclun de thé et de tout le reste, un melting teapot de plein d'affaires. Merci à Raphaël et Vanessa pour m'avoir fait réaliser assez tôt que j'avais le droit de simplement écrire comme je le sentais même si l'absence de commentaires n'impliquait pas forcément un désintérêt. À bientôt alors...