31 juillet 2008
22 juillet 2008
19 juillet 2008
16 juillet 2008
Impressions de voyage (4ème et dernière partie)
- Théiers abîmés par la récolte mécanique, ça me fait mal au coeur de les voir ainsi: désir de ne plus boire de thé japonais;
- Bestiole se camouflant dans un petit tube d'écorces qu'elle s'est confectionné pour manger les feuilles en toute quiétude;
- Beuverie de saké avec Hugo dans la chambre d'hotel, confidences spontanées;
- Plusieurs restaurants avec de bons trucs et bien des choses prisées par les Japonais mais douteuses pour nous: Friture d'intestins de boeuf dans leur sauce, le natto (horrible: fèves de soja fermentées et gluantes, plus près d'après moi de la texture/parfum d'un compost jeune en plein été et l'intérieur d'une couche de nourrisson!), tripes amères de moules de couleur vert fluo, calamar cru (j'ai vraiment cru falloir rejeter!), entrailles d'un poisson gisant à leurs côtés, et sûrement maints autres que mon inconscient a tenté d'oublier...!;
- Maisons avec plus de désordre que je ne l'aurais cru: plus aucun remords ou complexes par rapport à l'esthétique et l'ordre zen que j'imaginais les Japonais pratiquer dans leurs demeures;
- Des graines de théiers récoltées sur un vieux sage de 350 ans, ancêtre des futurs premiers théiers québécois (ah! le réchauffement climatique pourra peut-être me permettre de faire une récolte à mes vieux jours!);
- Visite d'un Pachenko lounge: hallucinant, genre de casino abrutissant où les joueurs sont à des genres de machines à sous où ils font tomber, d'une manière passive, des centaines de petites billes de métal sur un fond troué où un écran se trouvant au fond visionne des soaps d'amour japonais ultra kitch... apparemment que des hommes dépensent leur salaire à aller "décrocher de leur quotidien" à ces endroits où le bruit est le pire que j'ai entendu à vie, une vraie transe électrique...;
- Arcade de jeux vidéo: Hugo, Pierre et moi sommes allé dans ces grands photomatons (3 mètres sur 3 mètres) possédant des échelles et barres horizontales pour se suspendre: les 6 viseurs s'illuminent en alternance pour prendre des images dans toutes les directions, bien sûr accompagné d'une musique techno vraiment intense. Photos mémorables;
- Quincaillerie nippone: Mon Dieu! Que de beaux trucs pour la cuisine: râpes, brosses, tetsubins, éponges, pinces, brûleurs, couteaux...;
- Marché du thé à Shizuoka: une journée où les banchas de printemps étaient marchandés. Il fallait porter des casquettes de stagiaires, les autres avaient des bleues (acheteurs), vertes (producteurs) et jaunes (employés/arbitres).
- Visite chez notre fournisseur de théières kyusu: Tellement, tellement de théières!!! Tellement que plus rien n'avait l'air spécial, même celles de potier, tant c'était la jungle des modèles. Je ne regrette pas de ne m'en avoir point acheté, mais j'ai craqué pour une tetsubin forgée par une toute petit fonderie artisanale du nord de Tokyo;
- Et pas de salons de thé, mais des Café Starbucks partout! ...presque à tous les coins des grands boulevards;
10 juillet 2008
Le baiser
Humer sa tiédeur, son âme. S'emplir soi-même de paysages, les laisser vivre au fond de son ventre, les laisser partir. Parce que le thé nécessite qu'on le laisse passer. Il est de la catégorie des oiseaux ou des papillons, de ceux qui meurent si l'on tente de les emprisonner.
Impressions de fête. La première vague. Une marée timide qui s'avance, ressac après ressac, jusqu'à ma lèvre. Un baiser délicieux. J'ai toujours aimé les baisers. Je trouve que c'est le moment le plus fort. Celui où les attentes n'attendent plus, où l'union de deux êtres qui ne s'attendent plus se retrouvent ouverts et comblés. Le bonheur est là lorsqu'on ne l'attends plus. Et c'est peut-être pour cela que j'aime tant le thé (embrasser les tasses de thé!). À chaque infusion, la surprise du premier baiser. La douceur, la texture, le goût, la vigueur et enfin, l'expérience.
L'expérience de ceux et celles qui l'ont élevé et conditionné, de ceux qui l'ont rencontré et prisé, pour enfin arriver jusqu'à nous, là, ouverte, présente. Les lèvres tendues, dans l'attente sans attente du baiser, on oublie trop souvent que ce qui effleurera notre bouche à tout moment, est né de l'expérience de bien des êtres. Nous ne sommes jamais les premiers et c'est très bien ainsi. Et à chaque fois c'est différent. C'est ce qui est merveilleux. Pendant que l'union s'effectue, dans la danse fluide de la langue et des saveurs, du palais et des arômes volatils, du coeur et de l'âme du thé, l'écoute s'impose. Un silence, celui du premier baiser. Un silence plein.
Et c'est dès que ce silence s'éteint, avec les premières pensées qui sont là à ce croire plus intelligentes que ce qui est, que l'expérience simple et authentique se termine. Un baiser en pensant n'est jamais vraiment bon. Une tasse de thé non plus. Et j'ai maintenant mon dire que toute expérience où ma tête mène le jeu n'est qu'une expérience médiocre manquant de la spontanéité que l'on attribut aux enfants (et comme la vie était douce et bonne alors, lorsque le temps passait beaucoup moins vite que maintenant...!). Le thé et l'humilité ne devraient faire qu'un. Le coeur simple n'est pas sous l'emprise du savoir et de la connaissance. Il est, tout simplement. Comme ce liquide merveilleux au fond de ma tasse.