Les parcs baignés de soleil me donnent des frissons. Des frissons de bien-être. Les grands arbres aux teintes de verts si éclatés de lumière, la brise tiède qui les fait marmonner de vagues récits d'une langue étrangère que l'on comprendrait si l'on écoutait bien, les gens installés dans son sein qui s'affairent à se trouver des fils de discussions ou des bricoles sur quoi faire joujou. J'aime l'ombre et son herbe si fraîche et son mouvement qui tend toujours à nous fuir, comme si le soleil amoureux de notre chair fragile se vouait à nous embraser où que nous tentions de nous cacher. Ces jours ensoleillés sont bénis. Ce sont ces quelques oasis de tiédeur, de lumière, de parfums aériens emplis de vie, qui me font survivre tout le reste de l'année.
Je suis sur un banc. Christian Bobin illumine la noirceur de la lumière de la mort de sa femme. Il nous dit que la vie est dure... Sûrement est-ce aisé de convaincre le commun des mortels autre que moi, j'ai du mal à le lire. J'aimerais pouvoir accepter ce fait. La réalité c'est que j'ai commencé ma vie en croyant que tout était si merveilleux, la vie je t'aime, écrivai-je avec une branche dans la neige ou dans le sable pendant les années de mon enfance et de mon adolescence. Puis sont venues les expériences. Celles que l'on oublie parce qu'on le veut bien mais qui ne nous quittent vraiment jamais. Celles qui nous donne l'impression d'être plus sage mais qui plutôt nous crispent, nous coupent de cette innocence, celle de l'oiseau, de l'idiot du village ou du chat devant le trou de la souris qu'il guette. Cette simplicité du coeur, je la retrouve lorsqu'une branche enivrée de soleil laisse filtrer de ses feuilles abandonnées un rayon bienveillant. M'a-t-elle donc quitté qu'une seule fois déjà? Non, elle est toujours là, cette fraîcheur, cachée sous les duvets des années, des moments de perdition. Elle est là qui guette, qui attend, comme la souris défiant le chat de l'autre côté de sa vie.
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