31 janvier 2008

Mao Cha bi dou ouais

Et si en 1391 l'empereur chinois n'avait pas interdit la compression des thés lui étant versés comme tribut, connaîtrions-nous maintenant le Bi Luo Chun, le Long Jing ou le Tie Guan Yin sous forme de tuo cha ou de brique? 

Ayant révolutionné le mode de préparation du thé et de tous les objets que nous nous servons de nos jours comme les théières et le zhong, cette décision n'était sûrement pas un pur caprice de sa part. 

Économiquement, c'était beaucoup de boulot de compresser tout ça. Les routes étant meilleures qu'auparavant et les canaux mieux développés pour les barque marchandes, ces-derniers permettaient un meilleur moyen de transport que les caravanes à dos de mules aux sacoches remplies de galettes (qui prennent moins d'espace). 

Pratiquement, si l'empereur a eu autant de peine que moi à essayer de briser ses tuo cha ou ses galettes compressées trop serré (il ne pouvait pas, à l'époque envoyer un mail à la CNNP pour se plaindre que leurs presses hydrauliques sont calibrées vachement trop fort!), que malgré le p'tit couteau en bronze au manche en corne de mammouth fossilisé que sa concubine lui avait offert pour leur 10ème ébat amoureux en 35 ans (il faut dire qu'il devait faire la tournée des 440 femmes de sa cour) la brique fraîchement reçue de la montagne Geden lui résistait, il s'est sûrement dit: "Check ben ça... on va arrêter de faire de la p'tite poudre pis d'fouetter ça comme des moumounes avec not'p'tit poignet toutte mou là... On va juste mettre les feuilles dans... euh... tiens! C'te pot à vin, avec d'l'eau chaude." L'époque du thé battu était révolue. Le thé pouvait enfin être en vrac.


Tout ça pour dire que j'apprécie beaucoup le Mao Cha. Je trouve ça pratique et parfait comme p'tit pu erh de tous les jours, maintenant, comme moi j'aime ça vert. C'est certain qu'il y a différentes qualités, mais mes expériences ont été très bonnes jusqu'à maintenant. Belles feuilles, pas cassées. Et en quoi diffère-t-il du vrac? En rien, c'est la même chose. Sauf que c'est du sheng, jeune, de l'année d'habitude. Celui-ci vient de la montagne Bulang, il faisait partie d'un set de 18 échantillons de 2007 qu'un producteur nous a fait parvenir pour faire nos choix à distance. Après avoir testé et retesté ces-derniers hier après-midi à la boutique avec mec comparses, j'étais vraiment "high". Leur qualité est surprenante, aucune notes de fumée, beaucoup de caractère, belle tenacité infusion après infusion. 

28 janvier 2008

Parfaite Lumière

Étant sagittaire depuis ma naissance et au cours de mes deux dernières vies antérieures (c'est ce qu'une astrologue m'avait révélé il y a de cela quelques années!), j'ai souvent eu la chance de pratiquer le "gift merging manoeuvre" ce qui me permettait d'associer le cadeau d'anniversaire et celui de Noël afin de recevoir quelque chose de plus gros. Le mois de décembre est, pour moi, synonyme de réalisation de rêves et d'épanouissement.



"Parfaite Lumière" (le nom de baptême de ma nouvelle petite précieuse, inspiré du titre du roman de Eiji Yoshikawa) est alors débarquée chez-moi, arrivée soigneusement emballée par Stéphane de Tea Masters qui, comme à son habitude, m'a généreusement offert des petites surprises.  Tout de suite, j'ai ressenti que j'avais entre les mains un "puissant" outil d'infusion . Pourrais-je m'en servir convenablement? Aurais-je le réflexe d'infuser avec elle comme je le ferais avec une autre théière? Je ne savais pas trop à quoi m'attendre mis à part une crainte soutenue de me brûler les doigts...


Lumière. Chaleur. Pureté. Brillance. Éclat. Argent... Tout cela ensemble. Le goût du thé est là, oui oui, mais c'est plus que ça... On a l'impression de boire de la lumière, de l'air pur de haute montagne, l'esprit du thé que l'on infuse... son corps est adoucit, on en devine les silhouettes ou les contours. Ce sont ses notes de tête, son âme, son essence qui est révélé. La liqueur est vraiment chaude et elle le reste plus longtemps, conservant son éclat, même en se refroidissant dans la tasse. Il est presque impossible de porter une liqueur à l'amertume, les tannins semblant se saturer à un certain point empêchant une surdose. Il en résulte des dégustations interminables où chaque thé offre beaucoup plus qu'avec la terre ou le zhong. Chaque session de gong fu cha avec "Parfaite Lumière" est mémorable. Stéphane m'avait prévenu qu'elle avait la faculté de faire ressortir les qualités tout comme les défauts des thés qu'elle infuse; j'ai beaucoup de chance d'avoir de très bons thés disponibles car je n'ai pas eu d'expérience décevante (mis à part une fois avec un wulong un peu fané qui est ressorti quelque peu plat). Michel de Teajar donnait l'exemple que la différence entre une théière en terre et la théière en argent était de l'ordre du résultat obtenu en utilisant un zhong non réchauffé ou un qui a été préchauffé pour faire l'infusion. C'est définitivement ça.



Seul en tête à tête avec elle, pour expérimenter, je lui ai fait infuser plein de trucs: du gyokuro, du Darjeeling, du Sun Moon Lake (noir de Taiwan), des thés de rochers et des dancongs en plus de ses spécialités confirmées, soit les Pu Erh crus jeunes et les Wulong peu oxydés. Dans tous les cas, le corps s'est révélé un peu moins présent, une rondeur plus fine quoique soutenue (sans creux) se transfère à l'infusion. Ce sont les arômes, l'attaque, les notes de tête et de coeur qui explosent! Donc pour certains thés où la rondeur et le corps puissant sont les principales caractéristiques recherchées, par exemple pour les thés noirs corsés (que je ne bois pas de toute manière), il vaut mieux d'après moi utiliser les bonnes vieilles autres méthodes. Cependant, il est vraiment intéressant de voir leur "âme", leur nudité, en absence de corps... un Darjeeling de première récolte roulé à la main du jardin Samabeong s'est révélé ainsi magnifiquement, tout en confiserie, en fleurs et en jus de fruits exotiques, sublime.

J'ai aussi expérimenté plusieurs fois avec mes collègues. Nous avons fait le test du même thé infusé en proportions égales dans diverses techniques: Argent, Zhuni, Zisha, Zhong, tasse de kit de compétition, grande théière en céramique. Les résultats étaient frappant. Les liqueurs obtenues avec l'argent et la terre Zhuni (la Da Bing Ru Yi de TM) étaient définitivement supérieures et ont permis de soutirer bien plus d'infusions de qualité aux feuilles (soit les thés testés: Da Yu Ling hivernal 2007, Lao Banzhang 2006, vrac 1997 M3T). Ensuite, la différence entre les infusions données par l'argent et la zhuni était d'un moins grand écart, mis à part la lumière, la chaleur et la pureté cristalline offerte par l'argent et la "ronde sensualité souple" offerte par la terre. C'est une question de goût à savoir ce qui est meilleur... encore faut-il l'essayer! Fait cocasse: mes collègues qui portaient des amalgames dentaires ont, dès la première gorgée du thé infusé dans l'argent, senti des secousses électriques dans leur bouche... comme quoi la théière joue pour peut-être pour beaucoup plus que pour le goût. D'autres éléments semblent être transmis à la liqueur. Tant que je ne finisse pas comme Gollum ou comme cet homme qui aurait trop absorbé, pendant des années, une solution riche en colloïde d'argent et qui a développé la maladie d'argyria (non mortelle mais, disons... incommodante!). Je n'ai crainte, je sens au contraire que l'argent me fait du bien.



"Parfaite Lumière" ne remplacera jamais mes théières en yixing ou mon Zhong, elle vient les compléter admirablement. Elle est pour moi la théière qui révèle à leur meilleur les thés que je déguste quotidiennement (wulong et puerh crus). De plus, elle ajoute un esthétisme et une puissance à mes séances de dégustation, elle hypnotise, elle porte au sacré du moment. Je suis en amour.

23 janvier 2008

My preciousss...

Depuis qu'elle est entré dans ma vie, je sens qu'elle m'habite... qu'elle fait partie de moi en quelque sorte. Lorsque je suis au travail, je ne pense qu'à rentrer à la maison pour aller déguster un thé grâce à elle. Elle est une magicienne. Comment l'expliquer avec des mots?... elle "illumine" l'infusion, l'alchimise en lui conférant brillance, pureté, éclat et, surtout, chaleur. Elle n'enlève rien aux qualités de mes autres théières, elle est seulement différente... toujours est-il qu'il y a quelque chose d'addictif à son utilisation, un genre d'appel, une attraction constante... elle me hante!  ...me transforme!


21 janvier 2008

Par temps froids...

Y'a quand même des Pu Erh pas si chers que ça qui sont vraiment bons. J'ai récemment fait une petite commande chez YS qui m'a redonné espoir dans les galettes de 30-40$. Depuis la petite année (mais chargée!) que j'ai commencé à stocker des Pu Erh chez moi, j'ai vu une évolution notable dans la plupart de mes galettes. Depuis environ un mois j'utilise un humidificateur dans mon appartement pour contrer un taux d'humidité très bas dû au chauffage électrique. Les froids québécois et le chauffage qu'ils impliquent m'ont toujours apporté peau sèche et nez congestionné... l'humidificateur étant maintenant encore plus justifié que mes galettes ne doivent attraper la toux sèche, je découvre maintenant le confort d'un antre jouissant d'un taux d'humidité relative environnant les 55%. Adieu eczéma! Et, en bonus, des galettes qui se réveillent et sentent bon!