21 avril 2008

C'est pas d'la pub mais presque... simplement parce que c'est bon!

Petit scoop pour les amateurs de Darjeeling 1st flush. Le Camellia Sinensis a reçu deux de ses différents crus de Darjeeling: le Sungma (15$/50g) et le Risheehat (12$/50g). J'ai eu personnellement l'honneur de descendre du camion les premières caisses et de les ouvrir (à ma grande surprise, contrairement à l'habitude avec les thés indiens, le tout était emballé sous-vide) pour découvrir le parfum frais du premier arrivage de l'année. 

Le Sungma est particulièrement incroyable... Bourgeonneux, fin, aromatique.  Son végétal me rappelle étonnement le Long Jing, sa fleur celle de l'oranger... Splendide.
En zhong, je lui trouve tout son caractère aromatique, en théière je le trouve un peu doux quoique... le "décalage horaire" doit encore se faire sentir, la soute à bagage de la British Airways qui leur a permis de voyager jusqu'à Montréal était sûrement très fraîche, ce qui a "engourdi" le thé. 

Le Risheehat est plus corsé, très frais, plus fruité. Ses feuilles sont un peu plus brisées, ses bourgeons moins duveteux (type plus classique vs le type "clonal" du Sungma). Je prédis que son réveil d'ici quelques semaines lui conférera des notes encore plus charnues. 

Enfin, le printemps n'est pas juste arrivé de ses tulipes et des jupes des femmes coquettes... Vive le thé, spécialement pendant qu'il est tout frais! Encore faut-il mériter la capacité de l'apprécier, comme on le mentionne dans cette vidéo:



04 avril 2008

Thé rouge de Hualien

Un petit sac échantillon que Hugo m'avait rapporté de son voyage du printemps dernier à Taiwan a resurgit de mon armoire à thé ce matin: un thé rouge de la région de Hualien, sur la côte est de l'île.  Je l'avais goûté à la va-vite l'été dernier avant mon départ pour la France. Il m'avait laissé une bonne impression, sans plus. Cette fois, il m'a frappé par ses subtilités et sa persistance aromatique.
 
Texture moelleuse, ample en bouche, fruité-acidulé (pomme, cerise, pêche), épicé (cannelle, muscade), mielleux... un genre d'hybride entre un Bai Hao (surtout), un Bao Zhong cuit, un thé rouge de Chine et un thé noir du Sri Lanka. 

En zhong:  3,5 grammes, eau à 90C pour commencer, 95C après la troisième infusion, temps d'infusion relativement court: 20-30 secondes pour les 4 premières infusions. Première infusion un peu banale (genre Ceylan/Assam) pour ensuite gagner en fruit et en tout le bon nommé plus haut dès la seconde infusion. J'ai bien pu en tirer 7 vraiment agréables. 

Stéphane le propose dans sa sélection (ça me semble carrément être le même!). Il en fait d'ailleurs une description vraiment détaillée que je vous conseille de consulter ici.  Hugo et moi avons déjà rendez-vous avec le producteur de ce thé pour notre passage par la côte est de l'île au début du mois de mai. J'espère que nous pourrons alors s'en procurer une petite quantité pour le CS (l'an dernier Hugo avait choisi de ne pas en acheter compte tenu son prix élevé). Il aura au moins un conseiller en boutique qui le recommandera ardemment à ses clients... en plus de le boire!


03 avril 2008

L'art de la Présence

Depuis mes toutes premières expériences avec le thé, l'aspect "sacré" de cette boisson m'a spécialement touché. Ce-dernier est resté au coeur de ma spiritualité au quotidien, quoique parfois bousculé par des aspects plus intellectuels, ne prenant cependant aucune forme de rituel. Le Chanoyu aurait pu m'intéresser mais je trouve sa forme vraiment trop rigide et sans spontanéité, en plus d'être ultra-nippone... surtout lorsqu'on sait ce qu'ils pensent des Gaijin pratiquant la cérémonie! J'apporte donc, tout simplement, beaucoup de présence avant, pendant et après (pour la vaisselle entre autre!) la dégustation. Percevoir les sensations: le silence derrière les sons, textures et chaleur, saveurs, arômes, beauté des objets, de la couleur de la liqueur, et cela sans m'accrocher aux pensées qui surviennent. Inspiré par l'enseignement du Zen et celui d'Eckhart Tolle que j'ai rencontré exactement à la même période de ma vie que celle où le thé a croisé mon chemin, cette manière de vivre en pleine conscience est l'épine dorsale de mon existence. Le thé est, pour moi, son véhicule idéal.

D'ailleurs, Stéphane de Tea Masters parle ici de l'attitude d'ouverture que le dégustateur devrait adopter pour percevoir les subtilités d'un thé. À quelque part, la présence c'est cette simplicité du regard de l'enfant qui voit avec ses yeux et son coeur, non avec son intellect.

Je découvre récemment la Voie coréenne du thé. Un Esprit bien plus simple et moins figé que celle pratiquée au Japon. Vraiment, je suis étonné à quel point il comporte des similitudes avec ma pratique personnelle. Pour ceux qui ne connaissent pas du tout ce rituel, je me permet de vous présenter un extrait trouvé ici sur le sujet résumant ses principes:

<< Dans toutes les cérémonies, les gestes essentiels restent le même. Au début le service de thé est disposé sur un plateau légèrement élevé devant celui ou celle qui va préparer le thé, couvert d’un tissu. Tous se saluent en s’inclinant, les main jointes. Puis le tissu est enlevé, plié et posé par terre. Les tasses, qui étaient rangées le haut en bas sont retournées. Du versoir, de l’eau chaude est versée dans la théière, puis de la théière dans les tasses afin de les chauffer et de les nettoyer. Une nouvelle mesure d’eau est mise à refroidir dans le versoir. Le thé est mis dans la théière avec une cuillère en bois, puis on verse l’eau chaude dessus. L’eau qui chauffait les tasses est jetée; le thé est alors servi en passant plusieurs fois d’une tasse à l’autre pour que le goût du thé soit également réparti. Chaque tasse est placée sur une sous-tasse en bois, sauf dans la cérémonie de l’offrande du thé au Buddha, quand la sous-tasse est alors en céramique. S’il y a des invités, les tasses leur sont portées; les mains jointes, chacun s’incline en signe de reconnaissance avant de boire.

 Chacun prend le temps de contempler la couleur du thé et de savourer son parfum avant de boire. Ayant bu, chacun suit la progression et l’évolution du goût sur la langue, dans la gorge, avant de savourer le goût qui reste dans la bouche. On verse une nouvelle mesure d’eau chaude dans la théière et, après une brève pause, toue l’infusion est versée dans le bol-versoir, qui sert à remplir les tasses. Ceci se répète d’habitude une troisième fois. Ensuite les tasses reviennent à la personne qui préside la cérémonie pour être lavées. Le thé est vidé de la théière, qui est lavée aussi. Quand tout est terminé, le service à thé est recouvert du tissu puis, de nouveau, chacun se salue, les mains jointes.

 “Un coeur concentré”

  De même que la Voie est ouverte à chacun, chacun est tenu d’observer l’esprit de la Voie exprimé par la phrase “un coeur concentré.” Alors que les gestes pour préparer et boire le thé sont des plus simples, ils doivent s’accomplir dans un esprit qui convient à la Voie; cela dépend de l’état d’esprit, du coeur de l’individu et se résume en quelques mots.

              Dans le décor comme dans les ustensiles, dans l’attitude et les gestes de ceux qui préparent et boivent le thé, certaines qualités sont requises: le naturel, la simplicité, la modération, l’assurance, la souplesse, la reconnaissance. Par ces mots il devient évident que la Voie du Thé coréenne, enseignée par l’Institut Panyaro, n’est point une “cérémonie du thé” formelle et ritualisée mais une “Vie du thé” où chacun pratique les valeurs les plus essentielles en accomplissant les gestes d’une des activités humaines la plus simple qui soit.

 Nous savons bien que tout dans la vie s’en va comme la neige qui fond au printemps; et pourtant il y a un fond essentiel qui ne s’en va point. Permettre à chacun de découvrir ce fond en buvant le thé: voilà l’unique but de la discipline de la Voie du thé.

Assis dans la solitude et le recueillement, là où l’on boit le thé, écoutant le bruissement leger de l’eau qui frémit sur les braises, préparant le thé, savourant son goût à la fois doux et amer, prenant conscience paisiblement des pensées qui s’éveillent, sortant de l’illusion par cette contemplation sereine, nous nous préparons à vivre d’une manière qui en soit digne: voilà la raison pour la pratique de la Voie du thé.

Purifier corps et âme par une pratique constante de la Voie du thé, atteindre à une unité en son propre être et avec la nature profonde de l’univers, et arriver ainsi à une véritable liberté: voilà le but fondamental de la pratique de la Voie du thé.

Collaborer à l’édification d’un monde plus habitable pour tous sur la base de cette nouvelle liberté: voilà un autre but pour tous ceux qui aiment le thé.

Le Zen du thé

 La ‘Voie du thé’ part du geste simple et quotidien de boire le thé pour en faire une ‘voie’ spirituelle.

Le ‘Zen du thé’ indique qu’on touche à une meditation intuitive en buvant ainsi le thé.

Le Zen est une réalité qui ne peut s’expliquer par la parole ni par l’écriture. Le Zen est concentration et prise de conscience positive.

Le Zen est éminemment libre et original, subjectif en même temps.

Le Zen offre un raccourci pour arriver à une individualité sans limites.

Tout comme le thé.

Il suffit de préparer le thé et de savourer sur le bout de la langue ses six goûts: amer, âpre, acide, salé, poivré, sucré.

Le thé et le Zen doivent constamment gouverner et diriger le corps et le coeur; c’est seulement ainsi que vous arriverez à ce niveau.

Voilà pourquoi l’on dit, ‘le thé et le Zen ont une même saveur,’ et encore, ‘le thé et le Zen sont un.’>>


Et voici, comme si ce n'était pas assez, un autre lien ici vers l'article de Wikipédia (en anglais) sur le sujet. 

En image: