11 septembre 2008

Pause

Dans l'air frais qui monte du sol d'un début d'automne beau comme un trésor, l'or oblique gratine doucement leur cime calme. Fontaines d'encre vert, la sève semble leur monter à la tête, au fond d'une chevelure quiète. C'est bien moi qui suis affolé devant leur sage immobilité. Un contraste frappant qui fait taire en moi toute demande, tout désir. Ces arbres paisibles ont été là, toute la journée, pour d'autres. Des hommes et des femmes, des enfants et des chiens, des romances et des déchirures, des poubelles qui débordent. Maintenant je choisis de m'arrêter à mon tour, de les rejoindre pour ce moment d'éternité, pour savourer les derniers rayons d'amour que déverse l'univers.

Bourdonnements et tourbillons de moucherons affamés frôlant la périphérie de l'âme, faisant se tendre les poils d'éther à la surface de mon corps. Je sens la tension du mouvement qui veut se perpétuer, qui me veut avec lui dans sa danse, qui a besoin que j'y participe... sinon il n'est rien.

Rien car, s'en est la preuve, les yeux amarrés aux plus grands maîtres qui soient, les géants de la lenteur, les arbres baignés de lumière, la renaissance m'envahit. Mon cœur bat sous l'écorce, il y est plongé vivant. Les racines me poussent, creusent l'âme du monde jusqu'à son plus caché, inavoué, les calmes couches n'appartenant à personne. Disparaissent ainsi les spasmes du faire. Les vagues déferlentes peuvent bien s'abattrent pour m'emporter, elles se butent à un banc de pierre d'autant plus solide que j'y suis ancré. L'œil du cyclone.

Sortir du mouvement est un art d'abandon, un abandon si simple mais qui requière la volonté de mourir à soi-même, fermer la porte au nez de celui qui croit être ce qu'il fait. 


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