04 mai 2007

Dégustation à vide


Dans ma vie en général, comme sur la voie du thé, je tente de percevoir les choses simplement, avec ouverture et innocence. Ainsi, la relation authentique avec ce qui se trouve dans notre champ de perception est pure, légère et simple. Ce qui est perçu a alors la liberté d'être pleinement tel qu'il est. Or, nous étant donné d'avoir une passion pour les arômes et les saveurs des thés dégustés quotidiennement, nous tentons au cours de ces délectations de nommer et d'étiqueter ces perceptions par des mots. Les mots sont des outils merveilleux de communication et sont certes nécessaires afin de pouvoir ''matérialiser'' nos sensations. Découvrir et noter des flaveurs de torréfaction, de châtaignes grillées, de gousse de cacao, de caramel au beurre, c'est merveilleux! Et tout ça dans quelques feuilles sombres qui après avoir été convenablement hydratées révèlent ces parfums! Puis, on partage ces notes avec un autre passionné qui retrouvera lui aussi plus ou moins ces mêmes parfums et saveurs... C'est tout de même très intéressant!

Cependant, de temps à autre, je me plais à faire des dégustations ''sans mots''. La pure perception des saveurs, sans nommer. Une méditation en quelque sorte. Le goût est là, les arômes s'épanouissent, la langue perçoit mais les pensées ne viennent pas se mettre entre le thé et nous. Les images ou les mots ont beau venir, tels des nuages dans le ciel, on les laisse aller sans leur accorder la moindre importance. L'intellect en sort un peu frustré, c'est certain. Le thé a beau être ''mauvais'' ou ''superbe'', cela n'a plus d'importance, il ''est'' ce qu'il est. À la longue on se rend compte que percevoir les effets de l'infusion en nous peut être la même chose que de percevoir des sensations comme la peur, l'angoisse ou la joie. On peut tout autant savourer, sans juger ni nommer, ces émotions qui peuvent monter en nous dans notre vie de tous les jours. Si l'on rencontre telle personne ou si tel évènement se trouve sur notre route, bien, la perception est ce qu'elle est, parfaite dans toute sa réalité. Nous ne buvons plus que du thé, nous savourons la vie comme un nectar parfait. Tel quel, sans commentaire...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Les grands esprits se rencontrent Sacha ! Voir mon post du 9 avril "Dire le thé"...

Anonyme a dit…

Je fais ça très fréquemment,surtout avec les thés que j'ai déja longuement analysés et ui n'ont plus besoin de l'être; commence alors le long chemin de la pure délectation !

Anonyme a dit…

Hey man, je me suis mis au thé vert depuis peu de temps et je me demande lequel est le meilleur pour la santé? j'ai entendu dire que c'est le japonais, mais moi le sushi je trouve ça pas bon je préfère le général tao avec ben des légumes. donc thé chinois?

jeancarmet a dit…

C'est très bien dit Sacha...

Michel a dit…

Yes, yes!

Heureusement qu'ont arrive a vivre sans mots,
la pause, l'espace entre (..) l'absence de materialisation. que serai la vie sans cela?
du charabia, l'étouffement.

Ton commentaire fait écho à la parole de Lao Tze:
"The way that can be spoken of is not the constant way.."